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  • Photo du rédacteurChristine Molliet

Le contrôle de la pensée


Yoga Citta Vrtti Nirodhah

le yoga est la cessation des activités mentales

Contrôler les pensées, c’est contrôler le corps, maîtriser ses émotions, rester concentrer sur un sujet particulier…


Le yoga fait du contrôle mental l’une de ses priorités. Une célèbre phrase dans un texte très ancien affirme « le yoga est la cessation des activités mentales » Yoga-Sutra de Patanjali.

Le contrôle de la pensée est assimilé à l’immobilité. Immobilité du corps, de la respiration et des pensées.

De très nombreuses techniques convergent vers cette maitrise. Parallèlement le yoga a développé toute une explication du processus mental, de la psychologie, à travers les éléments corporels, énergétiques, mentaux et spirituels. Il ne se contente pas uniquement d’enseigner la pratique, il donne aussi des explications claires et lumineuses.


Méthode pour un entrainement :

Une maitrise parfaite et absolue de la pensée ne peut s’acquérir que par une pratique intensive. Bien que ce soit possible, cela demande des efforts importants et un investissement en temps bien trop grand pour être envisageable dans le cadre de notre vie quotidienne, tout au moins au début.

Ce qui nous intéresse ici c’est de savoir si quelques moyens simples et efficaces existent, nous permettant d’acquérir un contrôle mental correct.

Nous allons d’abord nous poser la question de savoir comment se manifeste l’agitation.


Le corps :

Quand l’esprit est agité, le corps l’est aussi. Arrêter l’agitation du corps sera un premier point.

Il est possible d’utiliser des techniques de Yoga-Nidra (une sorte de relaxation) allongé sur le dos, de prendre conscience du corps en le détendant parties par parties.

Il est aussi possible de trouver l’immobilité dans une posture assise ou dans une posture debout (l’arbre par exemple).

Peu importe la solution choisie, ce qu’il faut c’est imposer au corps une période d’immobilité chaque jour.

Si nous regardons de plus près comment l’agitation de l’esprit se manifeste dans le corps, nous pouvons constater qu’elle a tendance à apparaître dans les zones suivantes :

- Les mains

- Les yeux

- Les pieds ou les jambes

Il va donc falloir développer une vigilance par rapport à ces trois zones et essayer de les garder le plus détendues et immobile possible.

Une grande agitation des mains ou des yeux (ils sont le miroir de l’âme) dénote toujours une grande agitation mentale. Les calmer et les immobiliser apaise le mental.


En continuant notre investigation nous arrivons au langage et à la respiration.

Ce sont deux points essentiels.


Le langage :

En ce qui concerne la parole, nous devons ralentir notre façon de parler dans un 1er temps. Dans un 2ème temps, il faut essayer de parler le moins possible, surtout pour ne rien dire, boucher les trous ou passer le temps. La parole inutile risque d’engendrer l’agitation.



La respiration :

Avec la respiration nous sommes dans le processus le plus délicat et le plus important du contrôle mental. Il ne peut y avoir ce contrôle sans une maîtrise minimum de la respiration. Par bonheur celle-ci n’est pas trop difficile. Il suffit d’un peu de volonté et d’application.

La respiration est ce qui nous ramène à l’instant présent. Dans ce présent nous contrôlons le mental. Il s’enfuit dès qu’il dérive dans le passé ou le futur. En restant dans « l’ici et le maintenant » nous pouvons le maîtriser.


La respiration ne doit pas être bloquée mais ample, silencieuse ou légèrement sonore suivant les moments. Elle doit se situer surtout dans le ventre. Il faut également apprendre à sentir l’air qui va et vient à travers les narines, chaud à l’expiration et plus frais à l’inspiration.



Les rétentions de souffle :

Ce sont des moments privilégiés de conscience intérieure. Apprendre à retenir correctement son souffle durant quelques dizaines de secondes à n’importe quel moment de la journée est un gage de maîtrise mentale, de dynamisme énergétique et de détente nerveuse : c’est une panacée.

Ces rétentions de souffle peuvent être apprises dans les exercices de respiration du yoga, le pranayama.



Techniques pour le contrôle des pensées :

Apprendre la concentration suppose d’abord une bonne assise. La meilleure façon de s’assoir est de se mettre au sol, éventuellement sur un petit coussin. La colonne vertébrale doit être impérativement droite, la tête dans l’alignement.

Les mains sont posées sur les genoux, les pouces et les index sont joints : ceci s’appelle « le geste de la sagesse ».




Pour commencer un travail de base sérieux, il va falloir se préoccuper de trois niveaux :

Les yeux, la respiration, la parole mentale.


1 Les yeux :

Il faut apprendre à les maintenir immobiles d’une part et à les faire converger d’autre part.

L’immobilité des yeux se travaille en fixant un petit point noir sur un fond blanc, ou la flamme d’une bougie, il faut fixer l’un ou l’autre, sans fermer les yeux ou siller les paupières durant quelques minutes.

Aucune autre pensée à part ce qui est fixé ne doit être présente.

La respiration doit être consciente ou lente.

Au bout de quelques minutes il faut fermer les yeux et se concentrer sur l’image rémanente de ce que l’on a fixé, en essayant de la garder très stable.

La convergence se travaille en fixant le bout du nez les yeux ouverts durant quelques minutes et un temps égal les yeux fermés. Il ne faut pas craindre de rester bloqué, bien au contraire cette pratique est très bénéfique pour la vue.

Que ce soit l’une ou l’autre, les techniques que nous venons d’indiquer (trataka ou taraka) amènent progressivement une puissante capacité de contrôle mental. De plus elles sont positives sur le plan énergétique tout en donnant une détente globale appréciable.


2 La respiration :

Dans une posture identique à la précédente, il faut s’entraîner à rythmer son souffle tout en le visualisant.

Le rythme doit être 4 ou 5 secondes de rétention du souffle à poumons pleins, 8 ou 10 secondes d’expiration.

La visualisation consiste à voir l’air qui monte dans la colonne vertébrale durant l’inspiration. Le voir immobile dans le point entre les 2 yeux durant la rétention. Le voir redescendre jusqu’à la base de la colonne vertébrale durant l’expiration.

Pendant cette respiration il faut compter mentalement les secondes de façons à garder un rythme précis et à ne pas penser à autre chose.


3 la parole mentale

Chacun d’entre nous peut constater combien il est, mentalement tout au moins, bavard. Nous ne cessons de parler en nous-même. Souvent, nous ne savons pas, ou nous oublions de suite, ce que nous disons. C’est la plus grande dispersion mentale. Apprendre le contrôle des pensées, c’est apprendre à arrêter ce verbiage intérieur.

Le yoga propose l’utilisation de mantra. Les mantra sont des mots ou des sons en Sanskrit qui ont ou n’ont pas, suivant le cas, une signification. Certains sont très simples et reliés à la respiration.

Les deux plus importants sont SO HAM et HAM SA. Le plus connu est le mantra OM.

Répéter l’un de ces trois mantra en respirant normalement, arrête le flot involontaire de nos pensées.

Il y a intervention de notre volonté, on décide de ne plus penser n’importe quoi au gré des évènements ou de nos états d’inconscience.

Mais on peut tout aussi bien dire mentalement une phrase que l’on se chois, par exemple « je suis conscient de ce que je pense » et la répéter le plus souvent possible.

Le meilleur contrôle des pensées est celui qui nous permet de rester sans pensées. A défaut, il faut mieux penser quelque chose consciemment choisi que d’être le jouet impuissant de pensées involontaires qui nous dominent.


Les résultats :

Une pratique de quelques jours ne peut suffire, face à des années de non contrôle.

Au fil des semaines et des mois, si l’on s’y met avec méthode et patience, on constate les changements bénéfiques, lents mais profonds et durables.

C’est un nouveau départ dans sa vie sur un chemin qui peut nous conduire vers la maîtrise de soi et la liberté. Chemin besogneux sans nul doute, car la dispersion mentale nous tenaille sans arrêt mais chemin qui nous permet de sortir de l’ornière de la dépendance face aux autres et aux évènements.

Alors qu’elle joie de se sentir un peu plus libre, et quelle légèreté de se sentir un peu plus indépendant.


Texte de Christian Tikhomiroff

Extrait de la revue du Centre de yoga traditionnel d’Aix-en-Pce.

Juillet/ sept 1992

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